Bonjour et bienvenue dans ce treizième article du "Journal d’une agoraphobe" ! Eh oui, treizième… j’espère que personne parmi vous n’est superstitieux…
Pour celles et ceux qui nous rejoignent pour la première fois, ce blog, c’est un espace où je partage mon expérience d’ancienne agoraphobe. Que vous soyez vous-même en proie à l’anxiété, que vous accompagniez quelqu’un qui l’est, ou encore que vous soyez psychologue ou étudiant en psychologie, vous êtes ici chez vous. Je n’ai pas la prétention d’être une experte ni de soigner, mais je vous propose un témoignage honnête et sans détour, pour que vous puissiez profiter de mes expériences, régulièrement compliquées, notamment dans mes interactions avec le monde médical, paramédical et l’entourage proche qui a du mal à comprendre... Je le répète, je ne prétends pas du tout soigner, ce n’est ni ma formation ni mon métier, mais j’espère que mon humble expérience pourra vous donner quelques pistes, et, pourquoi pas, contribuer à libérer la parole sur un sujet et des personnes encore trop souvent stigmatisés.
L’article précédent traitait d’un outil que je trouve presque magique tellement il a transformé mon quotidien : la cohérence cardiaque.
Un outil dont l’efficacité est scientifiquement prouvée, qui est extrêmement simple à utiliser et qui est gratuit ! Lire l’article relatif aux effets bénéfiques de la cohérence cardiaque.
Mais pour le moment revenons à nos moutons… malgré un certain nombre de séances, une exposition régulière à mes angoisses et la pratique de la cohérence cardiaque, je n’avançais pas. Il y avait toujours cette espèce de terrain anxieux, comme un bruit de fond permanent, et sortir de chez moi restait un effort surhumain.
Les efforts pour sortir de chez moi étaient surhumains, mais mon premier réflexe pour trouver une explication au fait que je n’avançais pas a été très humain : remettre en cause les compétences de ma psy… Voici mon dialogue interne de l’époque : après tout, la spécialiste c’est elle et si je n’avance pas c’est parce qu’elle fait mal son travail…
Que faire avec un tel dialogue interne… En effet, déjà qu’avec l’aide d’une psychologue je n’ai aucune vision de sortie de crise mais alors sans… c’est pire… sans il ne me reste plus aucune issue… plus aucune solution… carrément l’impasse…
Je me suis alors posée, en essayant de prendre du recul. J’ai repassé en tête tout ce qu’on avait mis en place ces derniers mois. Et là, révélation : ma psy m’avait bien aidée à affronter mes peurs de manière régulière avec des exercices d’exposition à ces dernières. Des exercices d’exposition assez structurés qui participaient grandement au fait que je ne restais pas enfermée comme un lion en cage chez moi…
Ma psy avait également détecté quelque chose que je n’étais absolument pas en mesure de diagnostiquer : j’utilisais des objets contraphobiques dans le but de gérer des situations que je n’étais absolument pas en mesure d’éviter… du type aller travailler. Pour ceux qui ne connaissent pas le terme « contraphobique », il s’agit d’un objet ou d’une personne qu’on utilise le plus souvent inconsciemment pour se rassurer face à une situation qui nous angoisse. Franchement, seule une professionnelle pouvait repérer ça ! D’où la nécessité d’avoir affaire à un professionnel.
Pour ceux qui n’ont pas lu l’article sur les objets contraphobiques, cliquez ici… Vous verrez, les objets contraphobiques peuvent être de véritables alliés… mais à trop s’appuyer sur eux finalement on évite de s’attaquer aux fondations du problème !
Ma psy a également mis à ma disposition la cohérence cardiaque… cet outil qui utilisé matin midi et soir m’a changé la vie au bout d’une semaine…
Donc force est de constater qu’en quelques mois, ma psy m’a donné un certains nombre de clefs… le problème ne vient donc pas des compétences de ma psy. Mais alors, s’il ne venait pas d’elle… de qui ? À part moi, il ne restait plus grand monde. Et là, j’ai pris une sacrée claque : je venais de comprendre que je n’avais aucune envie de m’investir dans cette thérapie. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, je n’y croyais tout simplement pas. Je viens d’un milieu où la science "dure" est reine. Parlez-moi de biologie, de mathématiques, de preuves tangibles, et je suis tout ouïe. Mais la psychologie ? Quand on m’en parlait, j’écoutais par respect, mais dans ma tête, je rangeais ça dans la case mystique. Oui je sais c’est nul… c’était beaucoup d’ignorance aussi…
Le constat est donc que cela fait des mois que je m’étais engagée dans une thérapie sans engagement personnel. J’attendais que tout vienne de la thérapeute… grosse erreur…
Récapitulons, je ne crois pas à ce qu’on me propose, donc du coup je ne m’implique pas… Et si je ne m’implique pas… comment la thérapie pourrait-elle fonctionner ? C’est aussi simple que ça.
Donc, pour faire court : mon absence de progrès n’avait rien à voir avec un manque de compétence de ma psy. Non, si je n’avançais pas, c’était parce que je manquais de motivation et d’implication dans le processus thérapeutique !
Finalement, me voilà rassurée… je n’étais pas dans une voie sans issue… la solution était de m’impliquer et de m’activer concrètement dans mon processus thérapeutique !
Pourquoi je vous raconte tout ça ?
Parce que pour moi c’est un point clef ! Trop souvent, on rencontre un thérapeute, que le feeling passe ou ne passe pas… on ne nous dit pas assez clairement à quel point notre engagement est crucial dans une thérapie. Quand une séance se passe bien, on en ressort satisfait. Mais quand rien ne bouge, quand rien ne se passe, on en discute rarement ouvertement avec le thérapeute. Et c’est dommage, pour les deux parties d’ailleurs.
Petite parenthèse : quand j'étais en terminale, la bête noire de tous les élèves, c’était la philosophie. C'était, et ça l'est sûrement encore aujourd'hui, une matière réputée pour ne jamais vraiment récompenser le travail fourni à sa juste valeur... on dépassait le 6 sur 20 et on pouvait sabrer le champagne ! Cette année-là, j’ai eu la chance de tomber sur un professeur qui, conscient du manque de motivation général lié à la mauvaise réputation de la philo, nous a proposé dès le premier cours une sorte de contrat moral. Un pacte qui énonçait clairement nos droits, nos devoirs, et ceux de notre enseignant. Grâce à ce pacte, la notation nous semblait moins nébuleuse, ce qui réduisait cet a priori négatif qu’on avait tous sur la philosophie. Résultat, on s’est davantage investis. Sur 38 élèves, 20 ont eu la moyenne ou plus en philo, ce qui était à l’époque un véritable exploit !
Avec le recul, je me dis que j’aurais adoré signer cette même sorte de contrat, de pacte avec ma psy, un document où seraient précisées ses attentes et les miennes. Un document de référence qui nous aurait permis un point régulier non pas sur moi ou sur mes progrès, mais également sur notre collaboration… ce qui dans cette collaboration fonctionnait, ne fonctionnait pas… Je suis persuadée qu’un tel pacte aiderait beaucoup de patients à devenir plus actifs et à progresser plus vite.
Voilà, c’est la fin de cet article. S’il y a une chose à retenir de ce dernier c’est qu’il ne suffit pas d’apprécier son psychologue pour que la thérapie se passe bien… pour qu’une thérapie se passe bien il est important qu’une alliance et qu’une collaboration se forme entre le patient et son thérapeute et de veiller constamment, que l’on soit patient ou thérapeute à ce que cette alliance, cette collaboration soit active.
Avant de se quitter, j’ai une petite demande : si cet article vous a apporté quelque chose, ou si vous aimez ce blog, n’hésitez pas à le noter et à laisser un commentaire. Ça m’aide énormément, et ça permet aussi à d’autres personnes, qui en auraient peut-être besoin, de découvrir le blog. Et, bien sûr, pensez à vous abonner à la newsletter pour ne rien manquer des prochains articles.
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