Bonjour et bienvenue dans ce seizième article du "Journal d’une agoraphobe" !
Je suis ravie de vous retrouver, ou de vous accueillir si vous découvrez le blog pour la première fois. Ici, je partage mon expérience d’ancienne agoraphobe. Je ne prétends pas du tout soigner, ce n’est ni ma formation, ni mon métier. Mais, si mon humble expérience apporte d’une part quelques pistes pour un certain nombre d’entre vous et qu’elle contribue à une certaine libération de la parole sur ce sujet qui stigmatise bien trop de personnes… et bien mission accomplie !
Avant de plonger dans le sujet du jour, je vous fais un rapide retour en arrière : la semaine dernière, j’ai ouvert une petite parenthèse pour parler d’un sujet qui me tient à cœur… la réaction de l’entourage face aux problèmes de santé mentale. Mais aujourd’hui, je reprends le fil de notre histoire : j’en étais à cette découverte, un peu brutale, que mon anxiété provenait en partie de ce sentiment de stagner, de ne rien construire, de tout remettre à plus tard. Aujourd'hui, on appelle ça la procrastination, mais à l’époque, ce mot n’était pas vraiment en vogue et avec ma psy, on a donc conclu que j’avais un souci d’autodiscipline.
Et pourtant, je n’étais pas inactive ! Je menais une vie bien remplie, entre mes obligations familiales et professionnelles que j’assumais pleinement. Mais ma psy a pointé un élément essentiel : je faisais seulement ce qui était nécessaire, tout ce qui ne pouvait pas attendre… mais dès qu’il s’agissait de choses personnelles ou qui demandaient juste un peu d’autodiscipline, ça restait en suspens. Sans pression, sans deadline, je remettais au lendemain, et de fil en aiguille, rien n’avançait.
Et entre vous et moi, quand on s’habitue à faire uniquement ce qui est absolument nécessaire, on s’enferme petit à petit dans un cercle vicieux. On s’autorise à ne pas faire ceci… puis à ne pas faire cela… et sans qu’on s’en rende compte, ça a pris des proportions énormes ! Après, on essaye de redresser la barre certains jours… mais le naturel revient vite, et on relâche. Puis vient le lendemain où on relâche encore un peu plus. Conclusion ? Moins on en fait… et moins on en fait.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce que quand j’ai enfin compris, grâce à ma psy, qu’il y avait ce problème d’autodiscipline, je me suis dit : « banco, c’est ça la solution. Si j’arrive à m’autodiscipliner, je cours droit vers la guérison ! » Je me suis lancée à fond là-dedans, j’ai même acheté un livre de développement personnel sur l’autodiscipline que j’ai dévoré et dont j’ai suivi un certain nombre de conseils… enfin, sauf celui de la douche glacée de cinq minutes tous les matins ! Pourquoi une douche glacée de cinq minutes tous les matin ? Et bien pour comprendre qu’au bout de deux minutes on a plus de problème avec l’eau froide… et que la dynamique est la même pour tout… le sport… le rangement… je comprends le concept… mais la douche glacée c’est non !
Vous l’aurait compris ce livre est très intéressant d’ailleurs, je viens de le relire avant de faire cet épisode de podcast, si ça vous tente, je vous donne le titre « comment développer l’autodiscipline » de Martin Meadows.
Donc mis à part la douche glacée, le livre m’a permis de mettre en place une routine qui au début m’a vraiment aidée : j’ai recommencé à prendre le bus, j’allais seule au village pour faire deux-trois courses… Des petits pas pour certains, mais pour moi, il n’y pas pas de petites victoires… il n’y a que des victoires !!!!
Et puis un jour … une crise d’angoisse est revenue… et retour à la case départ.
Du coup, j’ai vite compris que savoir que j’avais un problème d’autodiscipline ne suffirait pas. C’est un peu comme les fumeurs : ils savent que la cigarette est mauvaise pour eux, mais une fois que l’habitude est là, ça ne les empêche pas de fumer. Et pour moi, c’était pareil avec l’anxiété : comprendre d’où elle venait ne m’aidait pas forcément à en sortir, car elle s’était installée comme une habitude bien ancrée.
Donc la compréhension des différentes causes de son anxiété, l’autodiscipline, c’est nécessaire mais pas suffisant…
Autre chose, l’exemple de la clope ne m’est pas venu par hasard… il m’a rappelé certaines discussions au bureau : à l’époque, beaucoup de mes collègues avaient décidé d’arrêter de fumer, et tous disaient que ceux qui ne réussissent pas, c’est par manque de volonté. Je me suis alors posée la question : « Est-ce que reprendre une vie normale, sortir de chez moi, aller au restaurant, était vraiment juste un problème de volonté ? » Et là, la culpabilité est arrivée : « Je fais vivre tout ça à ma famille… juste par manque de volonté ? »
Ce n’était pas uniquement ça, bien sûr. Ma psy et moi avons essayé de faire la part des choses entre ce qui relevait de l’autodiscipline et ce qui touchait à la volonté. Elle m’a proposé un exercice d’auto-observation : à chaque fois que je procrastinais, je devais m’asseoir cinq minutes et essayer de comprendre pourquoi je ne faisais pas quelque chose qui m’aurait pris à peine deux minutes. Était-ce par fatigue ? Par flemme ? Par manque de volonté ?
Bien évidement à chaque fois je n’avais jamais de réponse claire… Puis ma psy m’a dit quelque chose d’important : elle m’a suggéré que peut-être, les choses avaient perdu de leur sens pour moi. En y réfléchissant, je me rendais compte que malgré ma fille, ma famille et mon travail, j’avais l’impression que ma vie était vide de sens…
L’étape suivante vers la guérison est-elle d’essayer de redonner du sens à ma vie ? Ça aurait pu… mais entre temps, dans la mesure où j’étais en pleine recherche des sources de mon trouble anxieux généralisé, je pense que ma psy a essayé de creuser un peu plus, et un soir en fin de séance, juste avant que je quitte son cabinet elle me dit « vous savez, malgré toutes les souffrances qu’engendrent une phobie, le phobique tire toujours bénéfice de sa phobie… Cette phrase a été un vrai séisme pour moi… je ne suis donc pas partie sur la piste recherche de sens à ma vie, mais plutôt sur la « piste quels sont les bénéfices que je retire de tout cela »…
Suite au prochain épisode.
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