Bonjour et bienvenue sur ce quinzième article du "Journal d’une agoraphobe" !
Si c’est la première fois que vous tombez sur ce blog, je suis ravie de vous accueillir ici. Le concept est simple : je partage mon parcours d’ancienne agoraphobe. Que vous soyez en ce moment aux prises avec TAG, que vous accompagniez un proche qui traverse ces difficultés, ou même si vous êtes psychologue ou étudiant en psychologie, ce podcast est pour vous.
L’idée, ce n’est pas de me positionner en experte ou de prétendre soigner qui que ce soit, ce n’est ni ma formation, ni mon métier, l’idée est plutôt de partager un témoignage. Et si mes expériences – parfois bien chaotiques – peuvent vous aider, notamment celles qui concernent mes interactions avec le monde médical… paramédical… ou l’entourage qui ne comprend pas toujours… eh bien, mission accomplie !
La semaine dernière, on a exploré mes premières expériences avec l’anxiété et la prise de conscience que la source de cette anxiété était… un sentiment de stagnation. Cette impression de tourner en rond, de ne rien construire de concret... J’avais toutes ces envies et projets en tête, mais au final, je restais coincée dans une routine bien plus confortable que de me bouger réellement… et j’ai laissé ça durer des années. Le mot à la mode aujourd’hui c’est « procrastination »… il y a 10 ans, mes recherches m’ont conduite à m’intéresser à l’autodiscipline.
Donc, normalement, aujourd’hui, j’aurais dû enchaîner avec un article vous expliquant comment j’ai abordé mon problème avec l’autodiscipline. Mais il m’est arrivé un truc assez fou hier, que j’avais trop envie de partager avec vous aujourd’hui ! Promis, la semaine prochaine, on parlera de l’autodiscipline !
Alors, hier, j’étais à un repas de famille, et la conversation a dérivé sur un ami de mon oncle qu’on n’a pas vu depuis… la période Covid. On lui demande comment il va, et il nous raconte qu’il a des soucis avec son fils de quinze ans qui refuse de sortir de la maison.
C’est marrant, parce que quand on parle de quelqu’un qui ne veut plus sortir de chez lui, ça laisse souvent les gens perplexes. Et du coup, la réaction spontanée, c’est de demander : “Comment ça, il ne veut plus sortir de chez lui ?”
Et là ma tante répond sur un ton un peu sarcastique… “oui… Oh… c’est une sorte d’anxiété qui fait qu’il n’arrive plus à sortir… qu’il n’arrive plus à aller en cours…”
C’est ma famille… ils sont au courant de ce que j’ai vécu… mais bon maintenant c’est oublié… donc ils commencent à gentiment se moquer de ce gamin de quinze ans. Sympa…
Nous étions onze à table… sur les onze deux personnes en surcharge pondérale assez sévère. La première rétorque, j’ai toujours dit que ce gamin était trop gâté… un peu d’éducation et de fermeté et il se bougera.” Et l’autre a renchéri : “Ah oui, moi ma fille, si elle fait pareil, elle aura droit à un bon coup de pied dans le derrière, mais hors de question qu’elle manque les cours !”
Ça m’a démangé… et j’ai failli leur dire : “Vous savez, on gère tous nos émotions différemment… Certains, c’est en évitant de sortir de leur maison ; d’autres, c’est en mangeant pour se réconforter…” Mais je me suis retenue, je sentais que ma réaction était trop épidermique... et contre productive.
Pourquoi je vous raconte cela ?
Parce qu’en santé mentale, il y a des choses qu’on voit et d’autres qu’on ne voit pas. Une anxiété tellement paralysante qu’elle empêche quelqu’un de sortir, on la qualifie vite de problème mental. Mais une anxiété qui se cache derrière un paquet de gâteau le matin, un paquet de gâteaux le midi et un paquet de gâteau le soir… on ne la voit pas comme de l’anxiété… on la voit juste comme un problème de poids…
Il est donc bien souvent plus facile de juger, de réagir à ses propres projections et d’expliquer aux autres ce qu’il faut faire… même si on ne le fait pas soit même…
D’ailleurs ça me rappelle une autre histoire qui m’a beaucoup aidée dans ma guérison.
C’était au boulot, deux salariés qui ont passé la journée à s’envoyer des insultes à la figure… et bien évidement cela s’est terminé comme ça devait se terminé… vers seize heures trente un coup de poing est parti ayant nécessité l’intervention des pompiers et sept points de suture pour l’un d’eux!
Ça m’a fait réaliser à quel point on culpabilise quand on a un problème de santé mentale. On se dit qu’on fait vivre un enfer à notre entourage. Mais ce jour-là, je me suis dit que, finalement, tout le monde a sa manière de gérer. Moi, j’ai été éduquée à ne pas faire de vagues, à toujours me tenir tranquille, à ne pas réagir. Du coup, je garde tout en moi, je prends sur moi à la maison, au boulot… en fait je prends sur moi partout où je peux prendre sur moi… et ça finit certainement par exploser en attaque de panique. Peut-être que si j’insultais mes collègues de travail ou si je mettais mon poing sur la gueule à l’un d’entre eux de temps en temps, ça me ferait du bien…
Bon, évidemment, je plaisante un peu. Mais ce que je veux dire, c’est que ceux qui souffrent d’anxiété généralisée sont souvent des gens qui encaissent beaucoup avant d’en arriver à un point de rupture… Un jour il y a un trop plein et tout cela se transforme en symptômes handicapants !
Conclusion, c’est facile de juger quelqu’un qui souffre d’un problème de santé mentale quand on ne sait pas ce qui se cache derrière. Alors, si vous êtes dans cette situation, si vous souffrez de troubles anxieux généralisés (TAG), arrêtez de culpabiliser. Vous avez encaissé tellement de choses avant d’en arriver là. C’est juste que, maintenant, le couvercle de la cocotte commence à sauter. Avec la bonne aide tout va s’arranger !
Si vous avez dans votre entourage quelqu’un qui souffre de problème de santé mentale… avant d’avoir un jugement assez radicale, faite une introspection de trois minutes… combien de paquets de gâteaux avez vous mangé la semaine dernière… à combien de personnes vous vous êtes permis de dire merde ? Si vous n’aviez pas mangé ces gâteaux, si vous n’aviez pas dit ce que vous pensiez comment vous vous sentiriez à l’heure actuelle?
Et pour les psychologues qui m’écoutent, quand un patient se confie à vous sur un trouble anxieux généralisé, pensez à le déculpabiliser. Vous n’imaginez pas à quel point ça peut nous alléger le mental !
Et voilà, c’était mon message pour aujourd’hui. La semaine prochaine, c’est promis, je reprends le cours de mon processus de guérison… et je vous dirais si l’autodiscipline m’a aidé à guérir.
En attendant, si cet article vous a plu ou vous a parlé, n’hésitez pas à laisser un commentaire ou une note, ça aide vraiment. Et surtout, abonnez-vous à la newsletter pour ne rien rater des prochains articles.
Merci d’être là, et à très bientôt !
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