Bonjour et bienvenue sur ce onzième article du « Journal d’une agoraphobe ».
Un blog pour vous anxieux, accompagnants d’anxieux et mesdames messieurs les psychologues ou psychologues en devenir. Je témoigne pour vous de mon expérience d’ancienne agoraphobe. En témoignant, j’espère vous faire bénéficier de l’expérience de quelqu’un qui a essuyé un certain nombre de plâtres… genre les relations avec le corps médical, avec le corps paramédical... Je ne prétends pas du tout soigner… ce n’est ni ma formation ni mon métier… j’espère juste que mon humble expérience apporte d’une part quelques pistes pour un certain nombre d’entre vous et qu’elle contribue à une certaine libération de la parole sur un sujet qui stigmatise bien trop de personnes.
Dans le dixième article, je vous ai résumé ma courte expérience avec une praticienne en PNL… Mon intention n’était pas du tout de dénigrer la PNL qui a fait ses preuves. Mon intention était davantage de mettre en évidence l’importance de l’alliance thérapeutique. Afin qu’un patient mette toutes les chances de son côté pour que cette alliance fonctionne, il est primordial de se renseigner sur un praticien avant de le consulter. Le bouche à oreille fonctionne très bien… soit… mais pas que… aujourd’hui beaucoup de praticiens ont des sites internet, des comptes Instagram, des comptes Linkedin… n’hésitez pas à les consulter et peut-être même à les contacter…ça vous permet de savoir au préalable où vous mettez les pieds !
Bon, pas très bonne expérience avec cette praticienne en PNL… donc la seule personne avec qui je travaille mon trouble anxieux généralisé, c’est ma psy… Je ne sais pas pourquoi mais je ne suis pas très motivée par cette thérapie…du coup, je ne suis pas très active dans la démarche… ce qui est dommageable pour moi d’ailleurs… Pas très active, cela veut également dire que j’effectue assez peu les exercices d’exposition à mes angoisses qu’elle me propose… je fais donc beaucoup de sur place… je n’évolue pas… je tourne en rond… mais nous parlons beaucoup.
Un soir je lui exprime mon incompréhension face à ce que je suis capable de faire et incapable de faire. Je suis incapable de descendre seule au village qui est à cinq minutes à pieds pour chercher une baguette de pain, mais je suis tout de même capable de me rendre au travail où il y a énormément de pression. De ce fait je lui exprime mon sentiment de culpabilité… À ce stade j’ai l’impression d’être une gamine de cinq ans qui si elle n’est pas contrainte à faire quelque chose elle ne le fait pas ! Le travail est pour moi une obligation c’est comme cela que je fais bouillir la marmite comme on dit… alors que la baguette de pain, je peux toujours m’arranger pour que quelqu’un y aille à ma place !
Et là, la méthode de ma psy est très interessante, elle me fait verbaliser sur la manière dont je vais au travail, comment je m’arrange pour aller déjeuner le midi… comment cela se passe dans mon quotidien au travail et comment je rentre chez moi… avec tout mon blabla, elle met le doigt sur quelque chose que je n’avais jamais remarqué et elle met un mot un peu bizarre dessus … ce n’est pas la contrainte qui me fait aller au travail… j’y vais sans trop de crainte parce qu’à chaque étape de ma journée de travail j’ai un objet contraphobique.
Un objet contraphobique kesako ?
Au premier abord le mot peut paraître assez barbare, mais finalement le concept est assez simple.
Un objet contraphobique, c’est un truc qu’on utilise pour faire face à une peur ou une angoisse. C’est un peu comme une stratégie pour ne pas fuir cette peur, mais plutôt l'affronter d'une certaine manière. Prenons un exemple super simple : j’avais une peur irrationnelle de sortir seule pour aller jeter la poubelle ou chercher le courrier. J’ai évité complètement ces tâches pendant un certain temps puis j’ai adopté, une sorte de rituel pour me rassurer. Lequel ? Et bien prendre toujours mon téléphone en sortant, pas juste pour l'avoir sur moi, mais pour être certaine de pouvoir appeler au secours au cas où... J’aborde ce rituel mis en place dans le cinquième épisode. Je vous mettrai le lien vers cet épisode dans les notes de l’épisode. Enfin bref, revenons à nos moutons, le téléphone, dans ce cas, devient un objet contraphobique. C’est un moyen de se sentir en sécurité. En gros, l’objet me permet de défier ma peur tout en gardant un certain contrôle sur la situation.
On parle d’objet… mais un objet peut également être une personne… Ma psy a mis le doigt sur le fait qu’au travail j’ai assez confiance en certaines personnes… et ces personnes me servent d’objet contraphobique… Bon OK c’est pas très sympa dit comme ça… mais vous avez compris le concept.
Pourquoi je vous parle de l’objet contraphobique ? Pour deux raisons. La première c’est que l’on comprend bien l’importance d’aller voir un psy. En effet, seul un psy est en mesure de diagnostiquer cela… et ce diagnostic a été important par la suite pour comprendre ce que je faisais, comment je le faisais et pourquoi je le faisais… en gros ce diagnostic m’a permis d’avancer !
La deuxième raison c’est qu’avec cette information sur mon mode de fonctionnement, d’une part j’ai arrêté de penser que j’étais une gamine de cinq ans incapable d’autodiscipline et ça a son importance, car la culpabilité au milieu de tout cela ça n’aide pas. D’autre part ça m’a permis d’élaborer des stratégies pour faire d’autres choses… comme aller chercher du pain au village par exemple !
Mais attention l’objet contraphobique n’est pas magique et il a ses limites. En gros trop d’objets contraphobiques tuent l’objet contraphobique ! Je m’explique. A chaque fois que je souhaitais faire quelque chose, je mettais en place une stratégie qui incluait un objet contraphobique. Au départ c’est génial, ça ouvre le champ des possibles. Mais finalement à trop user d’objets contraphobiques, nous n’affrontons pas nos peurs et le problème persiste ! L’objet contraphobique doit être transitoire et nous devons dans nos exercices d’exposition à nos peurs petit à petit nous en débarrasser afin de réellement affronter nos peurs. C’est bien dommage pour moi, mais j’ai mis un peu de temps à comprendre cela. Avec ma stratégie d’objet contraphobique j’avais l’impression d’avancer sauf que je n’avançais pas… le problème était toujours là, sauf que moi j’ai mis un pansement sur une jambe de bois !
Voilà, nous arrivons doucement mais sûrement à la fin de cet épisode. Pour résumer si vous souffrez de ce qu’on appelle des troubles mentaux, la chose la plus importante est de consulter un spécialiste. Il est le seul habilité à diagnostiquer des éléments dans votre mode de fonctionnement qui vous permettront d’avancer. D’autre part, si vous avez l’intention de mettre en place des stratégies utilisant un objet contraphobique, attention. Soyez bien conscient que vous utilisez un objet contraphobique et essayez progressivement de vous en débarrasser sinon le problème va persister voir se déplacer…
Chers lecteurs, c’est sur ces mots que je vous laisse. La semaine prochaine, nous aborderons ensemble le premier outil que m’a donné ma psy pour gérer mes angoisses ! Des années plus tard c’est encore un outil que j’utilise. Il est d’une grande simplicité d’utilisation et gratuit…
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