Pourquoi consolider sa guérison n'est pas négociable ?
- Le journal
- 9 nov.
- 4 min de lecture
Bonjour et bienvenue sur ce 77ème article du « Journal d’une agoraphobe ».

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel article du "Journal d'une agoraphobe" ! Je partage avec vous mon parcours d'ancienne agoraphobe, non pas en tant que professionnelle de santé, mais comme quelqu'un qui a traversé cette épreuve et souhaite libérer la parole sur ce sujet encore trop stigmatisant.
Un déménagement sans encombre... en apparence
La semaine dernière, je vous parlais de ce déménagement tant attendu et redouté. Spoiler : tout s'est plutôt bien passé ! Certes, la pluie a retardé le chantier d'un mois et demi, nous obligeant à vivre temporairement chez mes parents. Mais contre toute attente, aucune crise d'angoisse, aucune attaque de panique.
La préparation du déménagement s'est déroulée sereinement. Le jour J également, avec juste un pincement au cœur de quitter cet appartement où j'avais vécu plus de 10 ans, ces voisins devenus amis. Mais rien qui ne ressemble à de l'angoisse. Le séjour chez mes parents ? Nickel. L'emménagement dans notre nouvelle maison ? Pure joie !
Pendant des mois, j'ai flotté dans une bulle d'insouciance. Tout allait bien. Vraiment bien.
Le piège invisible
Sauf que je n'avais pas vu quelque chose d'essentiel se mettre en place.
Mes parents, désormais nos voisins, géraient déjà les trajets scolaires de ma fille. Naturellement, j'ai fait partie du lot : un chauffeur matin et soir pour aller au travail. Pratique, non ?
Au début, je me suis dit que je devais m'occuper de la maison, la décorer, l'organiser. Puis que je méritais bien de profiter de mon nouveau chez-moi : lecture sur la terrasse, jardinage...
Je ne me rendais absolument pas compte que je ne sortais plus de chez moi.
J'avais remis en place, inconsciemment, exactement les mêmes mécanismes d'évitement qui m'avaient conduite à l'agoraphobie des années auparavant.
Sous le radar des professionnels
Voici ce qui me semble crucial à partager : j'ai reconstruit ces mécanismes sous le contrôle d'un psychologue et d'un psychiatre. J'avais certes espacé les rendez-vous (une fois par mois, parfois tous les mois et demi), mais j'étais suivie.
J'entrais dans le cabinet de mon psy en lui disant que tout allait bien. Zéro signe d'angoisse ou d'attaque de panique. Les séances devenaient de plus en plus espacées parce que je n'avais "rien à dire". J'y allais même à contrecœur, sans envie de parler. Je pensais à arrêter la thérapie, mais je procrastinais cette décision.
Côté psychiatre, même scénario. Nous avions même évoqué ensemble l'arrêt progressif de mon traitement de sertraline si tout continuait à bien aller. Il m'avait expliqué le protocole : plusieurs mois de diminution progressive des doses. J'avais naïvement pensé que mon traitement était léger et ne comprenait pas cette prudence.
Heureusement que je n'avais pas entamé l'arrêt ! J'aurais accusé l'arrêt du traitement d'être responsable de ma rechute. Mais non : je continuais mes séances, je prenais mon traitement... et j'ai quand même rechuté, en passant complètement sous les radars des professionnels de santé mentale.
L'auto-illusion
Ai-je consciemment caché mon jeu à mes thérapeutes ? Honnêtement, je ne pense pas. Je commençais une nouvelle vie dans une nouvelle maison. J'avais envie que tout aille bien, donc je faisais comme si tout allait bien. Sauf que ce n'était pas vraiment du "comme si" : j'avais réellement l'impression que tout était parfait.
J'avais tellement de chance d'emménager dans cette maison ! Mais pour y arriver, j'ai dû accélérer mon processus de guérison, mettre plusieurs choses sous le tapis pour avancer, assumer mes responsabilités : quitter l'appartement, gérer le déménagement, les derniers travaux, la peinture, l'installation de la cuisine.
Je ne regrette pas d'avoir assumé mes responsabilités. C'était nécessaire. Mais je n'ai pas vu qu'en fonçant tête baissée, en voulant passer à autre chose, j'anesthésiais délibérément mes émotions. N'est-ce pas ce que j'ai fait toute ma vie ?
Oui, je me suis voilé la face. Et en me voilant la face, j'ai fait en sorte que mes thérapeutes ne voient rien non plus.
La rechute n'est pas un retour à la case départ
Est-ce que cela signifie qu'on repart de zéro ? Absolument pas, et c'est la bonne nouvelle que je veux partager avec vous.
Il est impossible de retourner à la case départ. Lors de la première attaque de panique, on est totalement ignorant, on ne comprend pas ce qui arrive. Sans aide, on est incapable de faire face. Cette fois, c'est différent.
Oui, c'est décevant de voir à quel point on peut retomber dans ses travers. C'est même un peu effrayant. Mais quand on a été suivi par un bon thérapeute, on est préparé. Tous ces mécanismes, on en a discuté des centaines de fois. Certes, je ne les avais pas vus revenir, mais une fois la situation comprise, il était dix fois plus facile d'y faire face qu'il y a quelques années.
Sur le coup, c'est frustrant, je ne vais pas vous mentir. Mais on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs !
Une vigilance devenue une force
Aujourd'hui, des années après, je sais que cette vulnérabilité est là. J'ai appris à me connaître. Il est peu probable que je tombe à nouveau aussi grossièrement dans le panneau, mais je sais qu'il faut rester vigilante.
Est-ce un problème d'avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête ? Non. Je considère même cela comme une force. Aujourd'hui, je me connais. Je sais que cette douleur au ventre ou à la tête veut souvent dire quelque chose. Je me pose alors et effectue une introspection.
Ce n'est plus mon inconscient qui est au volant, c'est moi.
Pour finir
Si mon histoire vous parle, si vous vous êtes reconnus – même un tout petit peu – dites-le-moi. Laissez un commentaire, une évaluation, abonnez-vous... Ça m'aide énormément et ça donne vie à ce blog.
Ce blog est aussi le vôtre. Vos retours, vos messages, vos histoires me nourrissent et me donnent envie de continuer à partager avec vous.
À très vite pour la suite du Journal d'une agoraphobe !






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