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Ma visite aux urgences suite à ma première attaque de panique…

Dernière mise à jour : 26 juil.




Bonjour et bienvenue sur ce troisième article du « journal d’une agoraphobe ».


Un blog et un podcast pour vous anxieux, accompagnants d’anxieux et mesdames messieurs les psychologues ou psychologues en devenir. Je témoigne pour vous de mon expérience d’ancienne agoraphobe. En témoignant, j’espère vous faire bénéficier de l’expérience de quelqu’un qui a essuyé un certain nombre de plâtres… genre les relations avec le corps médical, avec le corps paramédical... Je ne prétends pas du tout  soigner… ce n’est ni ma formation ni mon métier…  j’espère juste que mon humble expérience apporte d’une part quelques pistes pour un certain nombre d’entre vous et qu’elle contribue à une certaine libération de la parole sur un sujet qui stigmatise bien trop de personnes.


Lors de mon précédent article, nous avons abordé ma première grosse attaque de panique, celle qui m’a enfin fait prendre conscience qu’il y avait un problème… Ceci dit je n’ai pas compris de suite que le problème pouvait être de l’ordre de la santé mentale. Au premier abord j’imaginais plutôt la crise cardiaque ou l’AVC…


C’est donc de manière naturelle que je décide de me rendre à la permanence médicale d’urgence. Je vous l’accorde, ce n’est pas forcément le lieu adéquat, mais en plein mois d’août un dimanche en début de soirée, les options sont assez restreintes.


Je suis un peu plus calme, j’ai enfin arrêté de pleurer, je suis donc en mesure d’expliquer de manière rationnelle, tant que faire ce peut, au médecin que j’ai en face de moi la scène du portail, des poubelles et des larmes.


En rédigeant cet article, je me dis que c’est quand même dingue… tous les signes étaient là :  l’angoisse, les pleurs… rien qui ne ressemble à un AVC ou à une crise cardiaque… avec du recul j’ai du mal à comprendre comment j’ai pensé à une crise cardiaque ou un AVC.


En fait, non, je comprends très bien comment j’ai pensé à une crise cardiaque ou à un AVC… j’étais totalement ignorante des phénomènes d’attaques de paniques, des crises d’angoisse… C’est pour ça parlons en… ça désengorgera peut-être un peu les urgences…


Celle qui a compris de suite que le problème était davantage d’ordre psychologique, c’est la toubib qui était de garde ce jour là.  Elle me regarde, avec ce que j’interprète comme un air dépité, ne dit rien, ne m’ausculte même pas, prend son ordannancier et écrit. Elle me tend une ordonnance, ma carte vitale et me dit «ça fera soixante dix euros ».


Je recommence la scène dans le cabinet de la doctoresse. Je n’ai pas du tout l’intention de vous jouer la scène en mode « accéléré », je n’exagère pas, cela s’est vraiment passé comme ça… en cinq minutes top chrono ! Je rentre, je dis bonjour, je lui donne ma carte vitale et je lui explique les raisons de ma visite… assez peu fière d’avoir fait une crise de larmes en allant jeter mes poubelles, je ne m’étends pas sur le sujet, ça prend une minute, une minute et demi max... Elle ne prend pas la peine de m’ausculter et rédige directement une ordonnance avant de me rendre ma carte vitale et de réclamer son dû, c’est à dire 70 euros pour cinq minutes de consultation… si on peut vraiment appeler ça une consultation…


Je sors donc de son cabinet cinq minutes pile-poil après y être entrée, sans un début de réponse et une prescription d’un demi cachet de benzodiazépine matin, midi et soir pendant quinze jours.


Sonnée par cette consultation, je souhaite tout de même comprendre ce qui est en train de m’arriver … je le rappelle, nous sommes dimanche soir en plein mois d’août… ma seule option c’est Google.


L’ordonnance qui a coûté soixante dix euros est une ordonnance de benzodiazépine. Mon premier réflexe est donc de taper benzodiazépine dans Google. Pour ceux qui comme moi ne le savais pas à l’époque, la benzodiazépine est plus connue sous le nom de Lexomil. Du Lexomil… ça me parle un peu plus que benzodiazepine…c’est un nom que j’ai déjà entendu un certain nombre de fois… donc cela constitue tout de même un sacré coup de massue. Heureusement que j’ai eu l’information après avoir pris la moitié d’un cachet…cela m’a certainement aidé à encaisser le coup.


Google est plus loquace que la docteuresse et me donne une définition de cette fameuse molécule de benzodiazépine. Je cite la définition : les benzodiazépines sont des molécules généralement prescrites pour soulager l’anxiété, le stress ou l’insomnie. Si elles soulagent les symptômes, elles n’en traitent pas pour autant les causes. Les benzodiazépines ne traitent pas non plus une dépression. Fin de citation…


Je comprends donc qu’en cinq minutes le médecin n’a pas diagnostiqué de dépression… bonne nouvelle. Pour le reste il semble bien que le message sous-jacent c’est qu’une consultation chez un psychologue s’impose.


Il ne reste plus qu’à trouver un psychologue en plein mois d’août, mission impossible, il me faut attendre septembre… pas grave le Lexomil va m’aider à patienter !


Des années plus tard, il est temps pour moi de pousser mon petit coup de gueule… Les attaques de panique sont des phénomènes connus des médecins. Ils en voient de manière régulière d’autant plus s’ils travaillent dans une permanence médicale d’urgences ou aux urgences tout court. Pourquoi garder le secret et ne pas partager l’information avec le patient ? Pourquoi faire une ordonnance de tranquillisants sans expliquer au patient la nature de la prescription ? Fin du coup de gueule…


Mais une question demeure tout de même, les attaques de paniques sont tellement fréquentes, pourquoi ne pas distribuer une petite brochure pédagogique sur le sujet aux patients en cas de soupçon ? Une fois de plus, je ne souhaite pas faire preuve de lucidité à postériori, mais je pense que dans mon cas c’est une information qui m’aurait aidé à aborder le problème différemment … L’information en main je n’aurais pas ruminé cette attaque de panique comme je l’ai ruminé pendant trois semaines… les trois semaines nécessaires pour avoir un rendez-vous avec un psychologue. C’est durant ces trois semaines que de peur de faire un nouveau malaise je refusais de sortir de chez moi… c’est durant ces trois semaines que j’ai commencé à ancrer de manières profondes des stratégies d‘évitement que j’ai mis par la suite des années à déconstruire.


J’aimerais croire que c’était il y a quelques années et que les choses ont évolué depuis… malheureusement j’ai un petit doute fondé sur l’expérience d’un collègue de travail anxieux de nature.  Il était en train de travailler lorsqu’il a été pris d’après ses mots de tachycardies. La scène était assez impressionnante et inquiétante pour qu’avec tous les membres présents au bureau ce jour là nous décidions d’appeler les pompiers. Les pompiers sont venus, l’ont amené aux urgences où il eu droit à une batterie de tests médicaux qui ne révèlent aucun problème médical… il repart donc avec un arrêt maladie de trois jours pour se reposer et aucune autre explication. Tous les deux mois il nous fait une petite crise, nous n’appelons plus les pompiers, il n’en reste pas moins qu’à ce jour, le corps médical ne lui a fourni aucune explication en ce qui concerne ses tachycardies régulières… Pourquoi ? Parce que ce n’est pas médical il ne faut pas en parler ?


Aujourd’hui la prise en charge a évolué dans le bon sens… il n’en reste pas moins que si vous êtes confronté à docteur qui n’est ni psychologue ni psychiatre, le risque de rentrer chez vous sans réponse est grand. C’est une des raisons pour lesquelles je souhaite témoigner aujourd’hui, pour sensibiliser et informer afin que cela n’arrive plus.


Résumé et conclusion : Totalement ignorante de l’existence des attaques de panique j’ai fait un auto diagnostique absurde d’AVC ou de crise cardiaque et j’ai foncé directement aux urgences médicales. Le problème c’est que le problème n’était pas à purement parlé médical et je suis rentrée chez moi malgré une prise de tranquillisant encore plus anxieuse… je n’avais qu’une seule hantise, revivre une attaque de panique… la solution que j’ai trouvé afin de ne pas revivre ça c’est de ne plus sortir de chez moi non accompagnée… il m’a fallu trois semaines avant d’avoir un rendez-vous avec un psychologue. Durant ces trois semaines, j’ai ancré de manière extrêmement profonde une stratégie d’évitement dont j’ai mis des années à me débarrasser : j’évitais de sortir de chez moi non accompagnée. Des années plus tard,  je me pose toujours cette question : si aux urgences au lieu de me donner du Lexomil on m’avait expliqué de quoi je souffrais, est-ce que les choses auraient été si loin ? Je sais que la source du problème est antérieure à ce jour où j’ai fait cette grosse attaque de panique, mais des fois je me dis que si on m’avait expliqué ce qu’était une attaque de panique… que des centaines de milliers de personnes en sont atteintes tous les jours… les trois semaines qui ont précédé ma première visite chez le psychologue n’auraient pas servies de tremplin à mon agoraphobie… c’est sur ces mots que je vous souhaite une excellente fin de journée et je vous dis à très vite dans un prochain épisode. Nous aborderons lors de ce quatrième épisode non plus ma première rencontre post attaque de panique avec un docteur, mais avec un psychologue cette fois. Sans suspens, le contact a été plus chaleureux et plus humain…


En parlant de chaleureux et d’humain, n’hésitez  pas à noter cet épisode ou à le partager.   Cerise sur le gâteau, laissez moi un commentaire cela me ferait extrêmement plaisir de vous lire.





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