Et si on voyait la procrastination autrement ?
- Le journal
- 20 juil.
- 4 min de lecture
Bonjour et bienvenue sur ce 57ème article du « Journal d’une agoraphobe ».

Cet article est tiré d'un épisode du podcast "Journal d'une agoraphobe", où je partage mon parcours personnel pour libérer la parole sur un sujet encore trop stigmatisé.
Procrastination : paresse ou mécanisme de protection ?
Dans un précédent article, j'évoquais ma tendance à procrastiner. Oui, je repousse souvent les tâches. Mais non, ce n'est pas par flemme, et ce n'est pas non plus parce que je suis un "boulet". Je le fais quand une tâche me confronte à quelque chose qui m'angoisse, consciemment ou inconsciemment, ou qui me met en insécurité.
Rien que de m'en rendre compte, ça change beaucoup de choses : je viens de mettre le doigt sur mon mode de fonctionnement. Et ça, c'est précieux !
Le paradoxe : quand l'agoraphobie n'empêche pas l'action
Comme la guérison est loin d'être linéaire, je vais nuancer ce constat. Parfois, même quand je suis en panique totale, je ne procrastine pas du tout. C'est exactement ce qui s'est passé quand j'ai décidé de faire construire une maison à la campagne.
Un projet qui défie la logique
Remettons les choses dans leur contexte : l'agoraphobe que j'étais a signé un compromis pour une maison... isolée. Assez loin des commerces, un peu en pleine cambrousse. Vous pourriez penser que pour une agoraphobe, il est plutôt logique de s'isoler... eh bien pas du tout !
Cette nouvelle maison rapprochait certes ma fille de son lycée, mais elle m'éloignait de mon lieu de travail. À l'époque, le télétravail n'était pas d'actualité et prendre le bus seule n'était pas une option.
Une efficacité déconcertante
J'ai pourtant enchaîné toutes les étapes pour acheter la maison : signature, vente de mon appartement, demande de prêt, paperasse, notaire... tout dans les temps, sans stress apparent. J'ai même mis en place un système d'auto-contrôle pour m'assurer que tout roulait. Niveau efficacité, on aurait dit que j'avais avalé un manuel de gestion de projet.
Qu'on se le dise : je n'ai pas fait ça parce que c'est passionnant. Non. C'est ennuyeux, énergivore, et ça me bouffait énormément de temps.
La vraie terreur : perdre ses repères
Mais ce n'était pas le plus dur... En réalité, ce qui me tordait l'estomac, ce n'était pas la paperasse. Le vrai problème, c'est qu'emménager dans cette nouvelle maison me terrifiait : perdre mes repères pour en reprendre d'autres... pour une agoraphobe, c'est absolument terrifiant !
De plus, il y avait cette sensation sourde que je ne méritais pas cette jolie maison. Que ce confort, ce nouveau départ, ce n'était pas pour moi.
Mon corps a réagi : maux de ventre, douleurs à l'estomac... c'était comme si, quelque part, je me punissais. Comme si une partie de moi disait : "Tu n'as pas le droit". Et pourtant... je continuais d'avancer.
Pourquoi cette fois-ci, pas de procrastination ?
On est donc en droit de se demander pourquoi je ne procrastinais pas, alors que j'étais clairement hors de ma zone de confort. Que se passait-il là ?
1. La motivation profonde
Ce projet de maison allait certes me faire totalement sortir de ma zone de confort, mais l'impulsion provenait du fait que je souhaitais plus de bien-être pour ma fille. Je le faisais surtout pour elle. Pour lui éviter les trajets interminables et les réveils à 5h du matin. Et ça, ça me donnait une force folle.
D'ailleurs, une auditrice avait commenté quelque chose de très pertinent : "On ne fait jamais vraiment les choses pour les autres. On le fait pour soi, parce que ça correspond à nos valeurs." Ça m'a fait réfléchir... Je n'ai pas de réponse définitive sur ce point, mais la réflexion reste ouverte.
2. L'engagement envers les autres
La deuxième raison, c'est l'engagement. Là, j'étais liée : à une agence, à une acheteuse, à une banque, à un notaire. Il y avait des gens qui comptaient sur moi. Et je refusais d'être le maillon faible. Alors je tenais le cap, sans même y penser.
La leçon : rien n'est simple
Conclusion ? Rien n'est simple. Je procrastine quand je suis hors de ma zone de confort... et je ne procrastine pas quand je suis hors de ma zone de confort. Voilà. Cherchez l'erreur.
Mais peut-être que ce n'est pas une contradiction. Peut-être que la procrastination n'est pas une question de paresse, mais de sens. Peut-être qu'on avance sans trembler quand ce qu'on fait a une vraie signification pour nous. Une motivation profonde. Quelque chose qui nous parle, nous touche, nous fait vibrer.
L'importance de se connaître
Pour connaître nos motivations profondes et savoir ce qui nous parle et nous fait vibrer, il est important de se connaître !
Il est complètement contre-productif de se juger parce que nous procrastinons. Si on se juge, on s'embourbe dans un mode de fonctionnement qui ressemble plus à un cercle vicieux qu'à un cercle vertueux :
Les choses n'ont pas plus de sens que ça pour nous...
Alors on procrastine...
On se rend compte que nous procrastinons...
Alors on se déçoit soi-même...
On se déçoit soi-même, alors on perd confiance en nous...
Je vais m'arrêter là, vous avez compris le mécanisme !
L'analogie de la voiture
Il est donc important de se connaître, de comprendre nos modes de fonctionnement, qu'ils soient conscients ou inconscients. C'est un peu comme conduire une voiture : il y a quelques trucs à connaître sur le véhicule avant de partir.
Je vais éviter de mettre de l'essence dans une voiture électrique ou diesel... Je ne vais pas procéder de la même manière si c'est une automatique ou pas... Une fois ces bases acquises, le trajet Paris-Marseille peut se faire dans la joie et la bonne humeur !
C'est pareil pour vous : vous marchez à l'essence ou au gazole ? Boîte de vitesses ou automatique ? Si vous n'avez pas compris ça sur vous, le moteur risque de ronronner, vous risquez de caler... ou pire encore, de tomber en panne !
Et vous, comment ça marche ?
J'aimerais connaître votre ressenti : est-ce que vous avancez plus vite quand vous faites les choses pour les autres ? Est-ce que vous bloquez quand vous ne trouvez pas de sens ?
C'est toujours un bonheur de découvrir d'autres manières de penser, de ressentir. La compréhension de nos mécanismes intérieurs est un voyage personnel, mais partager nos expériences peut éclairer le chemin des autres.
Si cet article vous a parlé, si vous vous êtes reconnu quelque part, n'hésitez pas à partager votre expérience en commentaires. Comprendre nos paradoxes intérieurs, c'est déjà faire un pas vers plus de bienveillance envers soi-même.






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