Mon coup de gueule : et si on parlait VRAIMENT de santé mentale ?
- Le journal
- 4 août
- 4 min de lecture
Bonjour et bienvenue sur ce 61 ème article du « Journal d’une agoraphobe ».

Un blog pour vous anxieux, accompagnants d’anxieux et mesdames messieurs les psychologues ou psychologues en devenir. Je témoigne pour vous de mon expérience d’ancienne agoraphobe. En témoignant, j’espère vous faire bénéficier de l’expérience de quelqu’un qui a essuyé un certain nombre de plâtres… genre les relations avec le corps médical, avec le corps paramédical... Je ne prétends pas du tout soigner… ce n’est ni ma formation ni mon métier… j’espère juste que mon humble expérience apporte d’une part quelques pistes pour un certain nombre d’entre vous et qu’elle contribue à une certaine libération de la parole sur un sujet qui stigmatise bien trop de personnes.
Nous allons justement aborder ce jour les relations avec le corps médical et paramédical.
Le plan parfait... jusqu'à ce que la vie en décide autrement
La semaine dernière, je me sentais vraiment bien. J'avais mis en place toute une stratégie pour apprivoiser mon agoraphobie : méditation de pleine conscience, petits rituels de bien-être, une vraie routine pour reprendre de l'autonomie avant mon déménagement qui approchait à grands pas.
Je pensais être sur la bonne voie. Et je crois sincèrement que je l'étais. Mais parfois, la vie a d'autres plans pour nous…
Quand tout s'effondre d'un coup
Tout a basculé quand une collègue de travail a été hospitalisée en urgence suite à une grossesse extra-utérine. Un événement brutal qui m'a propulsée du jour au lendemain dans la gestion de mon travail ET du sien, sans aucune passation de relais.
Je n'ai pas voulu l'embêter avec des questions professionnelles - elle vivait déjà quelque chose d'assez dur comme ça. Résultat ? Ce qui m'aurait normalement pris 30 minutes me prenait une heure, car nous n'avions pas du tout la même façon de travailler.
Entre ça, les travaux dans la maison, la paperasse, les cartons, l'organisation du déménagement... vous devinez la suite : plus de méditation, plus de temps pour le sport, plus de temps pour cuisiner des petits plats équilibrés. Tous mes beaux efforts pour prendre soin de moi... envolés.
Mon plan d'action pour être assez autonome pour le déménagement ? À l'eau !
Le verdict sans appel
Heureusement, j'ai continué à voir mon psychologue. Son diagnostic a été sans appel : dans un tel contexte, impossible de faire des progrès. J'étais tellement tendue par ces journées surchargées que mon corps et mon esprit étaient en mode survie permanent.
Sa proposition ? Consulter un psychiatre, envisager un traitement pour traverser cette période compliquée.
Et là, BAM. L'effet coup de poing.
Pas parce que je suis contre les médicaments - je n'avais pas d'avis tranché sur la question. Non, le choc venait d'ailleurs : je ne connaissais aucun psychiatre…
Le parcours du combattant commence
C'est là que j'ai découvert une réalité que beaucoup connaissent : l'enfer de la recherche d'un rendez-vous en psychiatrie.
Un appel, deux appels, trois appels... pendant une heure entière. Le même refrain partout : "Pas de rendez-vous avant six mois."
Six mois ! Mais dans six mois, j'aurai déjà déménagé. Je ne peux pas attendre.
L'intervention providentielle
Heureusement, j'ai eu le réflexe d'appeler mon psychologue pour lui expliquer la situation. Il a pris les choses en main et contacté un psychiatre qu'il connaissait.
Deux jours plus tard, j'avais un rendez-vous. Deux jours. Vous imaginez la différence ?
Un système à bout de souffle
Ce qui m'amène à mon coup de gueule du jour. Pas contre une personne en particulier, mais contre un système.
Avoir un premier rendez-vous avec un psychologue peut s'avérer long. Avec un psychiatre aussi. N'étant pas une patiente de ces praticiens, je ne pouvais pas être considérée comme une urgence.
On nous explique que "le système est bien fait", qu'il existe des urgences psychiatriques. Je connais ces urgences - dans ma ville, elles sont situées au même endroit que les urgences générales. Cherchez l'erreur...
Ayant fréquenté ces urgences pour des fractures, j'ai assisté à chaque fois à des scènes mémorables nécessitant l'intervention de plusieurs personnes, dont des vigiles. Une fois, la situation était si surréaliste que j'ai préféré partir avec mon bras douloureux et revenir le lendemain dans le privé.
Est-ce vraiment un endroit sécurisant pour quelqu'un qui traverse une crise psychique ? Franchement, non.
L'effet domino de l'attente
Je vais probablement enfoncer une porte ouverte, mais l'accès aux soins est une véritable problématique. L'attente pour voir un psychologue a d'ailleurs constitué le tremplin de mon agoraphobie.
Ma hantise était de refaire une attaque de panique comme la première... mais en public cette fois. Alors j'ai commencé à rester à la maison pour éviter cette fameuse attaque de panique en public.
Je me dis souvent : et si, à ma toute première attaque de panique, quelqu'un m'avait simplement expliqué ce qui m'arrivait ? Ce qu'est une attaque de panique, pourquoi on a l'impression de mourir alors qu'on ne meurt pas…
Peut-être que j'aurais évité cette spirale.
La pédagogie, un game changer
Une personne qui fait une attaque de panique ne sait pas ce qui est en train de lui arriver. Un peu de pédagogie sur le sujet serait vraiment, je pense, un game changer !
Et pour le traitement ? Sans mon psy, j'aurais encore attendu six mois. Un traitement, ce n'est pas magique. Mais parfois, c'est un vrai soutien temporaire. Et y avoir accès, ce n'est pas censé être un luxe.
L'importance du réseau et de la parole
Voilà mon message du jour. Un petit coup de gueule, peut-être. Mais surtout un appel à :
Déstigmatiser pour être en mesure de parler sans avoir honte
Dire qu'on galère, qu'on cherche, qu'on a besoin d'aide
Activer son réseau, même quand on n'ose pas trop
Parce que parfois, une seule personne peut faire toute la différence. La preuve : en 48 heures, j'ai réussi à obtenir quelque chose que j'aurais mis six mois à avoir sans aide.
Parce que non, on n'est pas seul.
Parce que la santé mentale, ce n'est pas un caprice, c'est une priorité.
Si cette histoire vous parle, si vous vous êtes reconnu même un peu, n'hésitez pas à me le faire savoir. Vos retours et vos témoignages nourrissent cette réflexion collective sur un sujet qui nous concerne
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