ISRS, psy, généraliste : chroniques d’un parcours médical bancal…
- Le journal
- il y a 5 jours
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Bonjour et bienvenue sur ce 63 ème article du « Journal d’une agoraphobe ».

Cet article fait suite à un épisode de podcast sur mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je partage ici mon expérience personnelle avec la sertraline et les défis rencontrés dans le système de soins. Mon objectif ? Libérer la parole sur un sujet encore trop stigmatisé.
La prescription : un nouveau chapitre
Après avoir exploré différentes pistes pour traiter mon trouble anxieux généralisé, un psychiatre m'a prescrit de la sertraline, un antidépresseur de la famille des ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Ce médicament est conçu pour aider à réguler l'humeur, l'anxiété et les pensées obsessionnelles.
Comme tout traitement, la sertraline peut présenter des effets secondaires : nausées, troubles du sommeil, changements d'appétit... Des aspects peu séduisants mais importants à connaître. Et surtout, un point crucial à retenir : ce type de traitement doit impérativement être suivi par un professionnel de santé.
Important : Je ne fais pas l'apologie des antidépresseurs. Ce n'est ni mon rôle ni mon métier. Je ne prétends pas que c'est LA solution unique. Je partage simplement ce que j'ai vécu, en espérant que cela puisse aider d'autres personnes dans des situations similaires.
Le renouvellement : une douche froide
Trois mois après avoir commencé le traitement (Sertraline), j'ai dû faire renouveler mon ordonnance. Comme me rendre chez le psychiatre était compliqué (la réalité d'une agoraphobe nécessitant toujours qu'une personne m'accompagne), je me suis tournée vers mon médecin généraliste.
Sa réaction m'a profondément marquée. Il m'a expliqué que ce genre de médicaments "ne servait à rien", que "ce n'était pas bien d'en prendre" et que je ferais mieux d'arrêter. Malgré tout, à ma demande, il a accepté de rédiger l'ordonnance.
Je suis ressortie de ce rendez-vous complètement dépitée.
Le soutien de mon psychologue
Quand j'ai fait part de cette expérience à mon psychologue, sa réponse m'a marquée :
"Ça fait deux ans que vous galérez avec ce trouble anxieux généralisé. Vous avez essayé plein de choses — la PNL, différentes techniques de développement personnel... vous allez mieux, oui. Mais le cœur du problème est toujours là. Et ce traitement, jusqu'ici, il vous réussit plutôt. Alors qu'est-ce que vous risquez à continuer ?"
Il avait raison. À ce moment-là, je n'avais rien à perdre.
Un manque de coordination préoccupant…
Ce qui m'a le plus mise en colère dans cette situation, c'est l'absence totale de communication entre mes professionnels de santé. Mon généraliste n'a jamais contacté le psychiatre, et vice versa. Chacun restait dans son coin, tandis que moi, patiente, je me retrouvais au milieu avec mes doutes et mon anxiété.
Comment peut-on espérer une prise en charge cohérente quand les professionnels de santé ne se parlent pas ?
En tant que patient souffrant d'un trouble anxieux généralisé, se voir dire que son traitement "ne sert à rien" n'est pas exactement ce qu'on peut qualifier de délicat. Et pourtant, c'était un très bon médecin que je consultais depuis des années.
La différence de traitement : physique vs mental
Un élément m'a particulièrement interpellée. Lorsque mon père a fait un infarctus à l’âge de 51 ans, ce même médecin généraliste m'a immédiatement proposé de consulter un cardiologue, insistant sur l'aspect génétique et la nécessité d'un suivi. Il a rédigé une lettre à un cardiologue de sa connaissance sans hésiter.
Donc quand quelque chose relève du "purement médical", il était en mode action-réaction et connexion avec les autres médecins. Mais pour mon problème de santé mentale... rien. Et pourtant, à l'époque, mes symptômes somatiques étaient bien réels : maux de ventre, douleurs articulaires...
Pourquoi considère-t-on encore que les problèmes de santé mentale sont secondaires ? Invisible égale-t-il pas important ?
La recherche d'un nouveau médecin
Pour éviter de me retrouver confrontée à nouveau à ce pessimisme concernant mon traitement, j'ai décidé de consulter un autre médecin généraliste pour le renouvellement suivant (je ne suis pas retournée voir le très sympathique psychiatre parce que c’était compliqué, il était en centre ville, je ne pouvais pas y aller en toute autonomie…).
Nouvelle déception : consultation expédiée en cinq minutes. Aucune question sur mon état, aucun intérêt pour le traitement. Juste : ordonnance, carte Vitale, 22 euros, au revoir.
Elle m'a prescrit des antidépresseurs avec moins d'attention qu'elle n'en aurait accordé au Doliprane. Et je suis certaine que si j'avais demandé du Doliprane, elle m'aurait posé davantage de questions !
Si la santé mentale reste un sujet tabou jusque dans un cabinet médical, nous ne sommes pas près de faire évoluer les mentalités.
Continuer malgré tout
Malgré ces expériences décourageantes, j'ai continué le traitement. Dans mon cas, aucun effet secondaire ne s'est manifesté. Et comme le disait mon psychologue : "vous n'avez rien à perdre."
Mais j'avais aussi envie d'explorer d'autres pistes. M'étant beaucoup intéressée au subconscient, j'ai décidé de tenter l'hypnose en plus de mon traitement.
Mes réflexions
Cette expérience m'a appris plusieurs choses importantes :
L'importance d'avoir une équipe médicale qui communique entre elle
La nécessité de ne pas se décourager face aux préjugés sur la santé mentale
Le besoin crucial d'être accompagné par des professionnels bienveillants et informés
L'importance de faire confiance à son ressenti tout en restant encadré médicalement
La prise en charge de la santé mentale a encore beaucoup de chemin à parcourir. En partageant mon expérience, j'espère contribuer à faire évoluer les mentalités et à libérer la parole sur ces sujets encore trop stigmatisés.
Si mon histoire vous parle, si vous vous êtes reconnu dans ce témoignage, n'hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. Vos retours nourrissent ma réflexion et m'encouragent à continuer à partager ce parcours.
Dans le prochain article, je vous raconterai mon expérience avec l'hypnose et comment cette nouvelle approche s'est intégrée dans mon cheminement vers la guérison.
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